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La formation du caractère et le refoulement sexuel
La bioénergie et l'analyse bioénergétique
L'irruption de la morale sexuelle
Énergie cosmique
L’orgone
est une énergie cosmique primordiale, omniprésente dans l'univers à des
concentrations variables et distinctes des forces électriques et magnétiques.
Dès
le début de sa carrière, le travail de Wilhelm Reich porte sur la sexualité,
et l'orgasme en particulier. Ses recherches l'amènent à la conclusion suivante
:
Au moment de l'orgasme se libère une énergie d'un type très particulier.
WR
en vient à considérer que ce qu'il nommait "bioénergie" est en fait
une énergie de vie qui anime le cosmos tout entier et que, présente dans
l'atmosphère, elle agit chez le vivant comme énergie biologique spécifique.
Il la nomme alors « orgone » (1940) mot
construit sur la racine grecque organ, "bouillonner d'ardeur", d'ou dérivent
les mots orgasmes et organisme.
Force vitale
Mais
pour Reich, cette énergie, loin d'être confinée au seul plaisir sexuel, est
essentiel à tous les aspects d'une vie saine. Elle seule pourra délivrer
l'Homme de l'angoisse et le mener au bonheur. Cependant, pour certaines raisons
liées à l'enfance, la fonction naturelle de l'orgasme est réprimée chez de
nombreux sujets, provoquant des phénomènes pathologiques à la fois sur le
plan physiologique et psychologique.
A-partir de 1933, ses recherches sur l'orgone accaparent tout son temps et l'obligent à mettre fin à sa pratique privée de la médecine. Fort de ses premiers travaux, Reich aboutit à l'idée que cette énergie, l'orgone, n'est pas uniquement libérée pendant l'orgasme mais qu'elle représente une force vitale qui sous-tend l'ensemble de la Création, une sorte de force cosmique, invisible et omniprésente, constituant le fondement même de l'existence. Sa théorie est que tous les maux humains résultent de blocages dans l'écoulement de cette force. En conséquence, il concentre ses travaux sur la manière de capter, d'utiliser, de développer et, d'une façon générale, de manipuler l'orgone.
C’est
la contraction involontaire unitaire et l'expansion totale de l'organisme lors
de l'acmé au cours de l'étreinte sexuelle.
Mouvement spontané
Attitude musculaire et Expression corporelle, le réflexe orgastique dont parle Reich n'est pas l'orgasme, il est une participation globale du corps à la respiration, avec de légers mouvements ondulatoires (ou parfois convulsifs) de la tête vers le bassin. Lors de la décharge orgastique sexuelle, ce mouvement spontané permet à la sensation de s'étendre à tout l'organisme. Il permet aussi d'atteindre une décharge énergétique complète.
Aujourd'hui, du fait de son caractère involontaire et du fait de la prévalence de l'anxiété sur le plaisir, ce réflexe est supprimé chez la plupart des humains.
Reich introduit dés 1933 cette notion de peste émotionnelle dans son ouvrage : « L'analyse caractérielle ». Il lui consacre le dernier chapitre du livre. Il la définit « sans nuance péjorative », écrit-il, « comme une biopathie chronique de l'organisme, conséquence directe de la répression, sur une vaste échelle, de l'amour génital ».
Contagieuse
Et poursuit-il, « elle a pris un caractère épidémique et, au cours des millénaires, aucun peuple n'en a été épargné ». Elle a le pouvoir de contaminer des masses entières, de corrompre des nations, de détruire des populations mais reste incapable d'engendrer une seule mesure positive quand il s'agit d'améliorer la misère économique.
On
voit bien ici Reich passer d'une position concernant les individus faisant l'expérience
de la répression dans leur sexualité, à l'échelle sociale (le caractère épidémique)
et anthropologique (le temps et les peuples).
Son origine
La
peste émotionnelle, inculquée à l'enfant dès les premiers jours de sa vie,
trouve son origine chez les individus dans la frustration génitale se manifeste
dans ce qu'il nomme « les cuirasses caractérielles », ou
dispositifs inconscients mis en place par les sujets pour neutraliser les
difficultés qu'ils éprouvent à assumer, dans l'évolution des conflits, leurs
besoins libidinaux face à la peur de la punition.
Le Moi y prend sa forme définitive tandis que les restrictions libidinales
imposées par la société déterminent des changements qui se manifestent dans
des positions personnelles et sociales rigides déterminant un monde de réactions
immuables et automatiques, comme si la personnalité se revêtait d'une
cuirasse, d'un blindage rigide capable d'absorber les coups portés contre elle
par le monde extérieur et intérieur.
Ses aspects
L'étendue
de la cuirasse détermine ainsi le manque de capacité de l'individu à équilibrer
son économie énergétique. Et la vie cuirassée domine la vie sociale et se
manifeste en son cœur par divers traits décrits par Reich :
La
pléthore de mots et de concepts qui ne servent qu'à détourner des principes de base de la vie,
Un
enthousiasme démesuré quand la vie cuirassée rencontre les lois existentielles et simples de la vie non cuirassée,
Une
incapacité totale des individus cuirassés d'appliquer des lois simples à une pratique qui se solde par une persécution
pleine de haine à l'égard de tout ce qui se rapporte à une vie
non cuirassée.
Provoque des réactions
Ces
processus individuels sont ainsi à la racine collective de la peste émotionnelle.
En effet, dès-que l'on touche aux causes de la peste émotionnelle, on provoque
inévitablement une réaction d'angoisse ou de colère. Et d'en énoncer aussitôt
les conséquences manifestées :
Sur
le plan individuel par les maladies du cœur, du cancer ou de la schizophrénie.
Les crises aiguës sont occasionnées, chez les sujets, par des troubles de
la vie amoureuse. Tandis que l'individu normal justifie son comportement
sexuel par son besoin d'amour, le pestiféré ascétique va justifier sa débilité
sexuelle par ses exigences morales. Tandis que l'individu bien portant ne
cherche pas à imposer son mode de vie, le pestiféré adresse en priorité
ses maximes à son environnement et tend à imposer aux autres son genre de
vie par la force.
Sur
le plan social par une économie sexuelle primitive déterminant les catégories
sociales de la famille autoritaire, de l'idéologie tribale et de la
domination patriarcale...
L'action
et la raison données pour justifier la peste émotionnelle ne s'harmonisent
jamais. Le motif réel est toujours caché, remplacé par un motif apparent.
Un caractère pandémique
La
peste émotionnelle prend de temps à autre un caractère pandémique et se
manifeste par des flambées gigantesques de sadisme et de criminalité et de
citer : l'inquisition, les fascismes bruns ou rouges comme lieux de son expérience.
En
temps ordinaire, il suffit, dit Reich, d'en supprimer les causes, les troubles
de la vie amoureuse, pour que la maladie disparaisse. Sur le plan social, il ne
sert à rien de mobiliser la Police, elle ne fera qu'augmenter le mal. Mais, prévient-il,
dès-que l'on touche à ses causes, on provoque des crises d'angoisse ou de colère
car elle est fortement rationalisée et entretenue par des pulsions secondaires.
Car le motif réel est toujours caché par un motif apparent. Et Reich de
proposer alors une véritable sociothérapie fondée sur la reconnaissance de
cette maladie émotionnelle à haut degré de contagiosité. Elle passe d'abord
par une identification précise du phénomène .
Les domaines de la peste émotionnelle
Le
pestiféré ascétique justifie sa débilité sexuelle par des exigences morales
et l'individu pestiféré se distingue du bien portant par le fait que ses
maximes ne s'adressent pas à lui-même mais, en premier lieu, et surtout à son
environnement. Si le bien portant aime discuter de ses motifs, le pestiféré se
met en colère quand on les évoque. Et, pour Reich, nul individu ne peut être
exempt des dispositions à la peste émotionnelle. Il décrit donc les
domaines où elle sévit :
Le
mysticisme « dans ce qu'il a de plus destructif »,
Les
efforts passifs ou actifs vers l'autoritarisme,
Le
moralisme,
les
biopathies de l'autonomisme vital, (nous sommes en 1933),
la
politique partisane,
la
maladie de la famille,
les
systèmes d'éducation sadiques,
la
délation et la diffamation,
la
bureaucratie autoritaire,
l'idéologie
belliciste et impérialiste,
le
gangstérisme et les activités antisociales criminelles,
la
pornographie,
la haine raciale.
Les ravages de la peste émotionnelle
Le
parallèle est dès-lors aisé entre la peste émotionnelle et les maux sociaux
contre lesquels les mouvements de libération ont toujours lutté.
Pour
Reich la peste émotionnelle cause de grands ravages. Elle peut se manifester
dans des entreprises pourtant gérées par des gens honnêtes et sincères, que
des personnes atteintes de la peste émotionnelle ont souvent réussi à écraser.
Elle est encore présente dans l'opinion publique où l’irrationalisme des
pestiférés trouve de larges échos. Ce qui permet de comprendre, par exemple,
que l’intégrisme, le fondamentalisme, la dictature, ou les amourettes de tel
puissant de ce monde aient des conséquences invraisemblables sur des millions
d'êtres humains.
La peste émotionnelle est à la source de l'énorme absurdité sociale qui nous
gouverne, quand l'amour, le travail, la connaissance sont ramenés à des
proportions minuscules, quand la vie publique est extérieurement asexuée
et intérieurement pornographique.
Les chemins de la peste émotionnelle
La
cause pour Reich en est évidente : le blocage du flux d'énergie
biologique, sexuelle, chez la plupart des gens. Pour lui, la lutte contre les
atteintes sociales de la peste émotionnelle passe par :
La
mise en oeuvre de processus personnels, ainsi « l'orgonthérapie »,
méthode de restauration de l'orgone qui vise à
dissoudre les cuirasses,
à retrouver le sens de son énergie et de la
finaliser positivement en
rétablissant sa capacité à aimer.
La
mise en de processus sociaux, afin de développer l'économie
sexuelle, qui se doivent de travailler sur divers
plans :
Sur le plan de la famille
>>>>>>>
Sur le plan de la famille autoritaire, coercitive, partie intégrante d’une société
autoritaire, rempart de l'ordre social répressif, à l'origine des sentiments
de fidélité aveugle et d'obéissance infantile. En effet, nous prévient
Reich, la fonction politique de la famille est double : elle se reproduit elle-même
en mutilant sexuellement les individus et, dans le même temps, elle les rend
apeurés par la vie et craintifs devant l'autorité.
Sur le plan de la culture
>>>>>>>
Sur le plan de la culture, et Reich de fixer à celle-ci un objectif : préparer
une révolution culturelle fondée sur l'autonomie des individus. Elle commence
bien évidemment pour lui par la libération sexuelle des jeunes. Le refoulement
sexuel social est un facteur réactionnaire extrêmement efficace qui soutient
les institutions réactionnaires grâce à l'angoisse sexuelle et au sentiment
de culpabilité sexuelle ancré profondément dans les masses exploitées. Il
paralyse toute puissance intellectuelle critique, « ancrage idéologique
du système dominant autoritaire dans les structures caractérielles des
individus nivelés dans la masse ».
En période de crise
On
aura compris que, pour Reich, le refoulement sexuel consolide toute forme de
domination autoritaire. Cependant, il observe qu'il prépare aussi les caractéristiques
de la rébellion tandis que les puissances autoritaires renforcent pendant les périodes
de crise leur pression sur les masses et leur sexualité. Et de citer l'action
brutale de l'État tchécoslovaque en Mai 1931 contre les associations d'éclaireurs
auxquels on avait interdit de s'installer sous les mêmes tentes sans certificat
de mariage et l'encyclique du pape sur le mariage en 1930. De nos jours, il
suffit d'observer le mouvement islamiste
pour observer rapport entre le refoulement sexuel et la domination autoritaire.
La
répression sexuelle sociale sape ses propres fondements, et Reich cite comme
expression directe de la crise sexuelle la délinquance de la jeunesse. Il prédit
alors pour le vingtième siècle une phase importante de bouleversements sociaux
liés au désir des peuples à faire valoir leur droit à une vie heureuse. «
La révolution sexuelle progresse, estime-t-il, aucune puissance du monde
n'arrêtera sa course ».
Les autres formes actuelles
Reich,
qui analyse les situations sociales avec les données de son époque, était
loin d'imaginer le mouvement social de libération de la jeunesse, dont le
sommet paroxystique furent, en France, les événements de Mai 1968. Libération
certaine mais dirons-nous, de courte durée à l'échelle sociale. La répression
a pris aujourd'hui d'autres formes, plus larvées, moins frontales mais tout
aussi efficaces en noyant les systèmes de répression dans le flot d'images
saturantes de la Société du Spectacle, dans la montée de l'insignifiance sur
fond de « juridicisation » de la société.
Aux États-Unis comme en France
On
sourit encore, de ce côté-ci de l'Atlantique, en entendant les récits
d'universitaires américains désormais incapables de recevoir leurs propres étudiants
de l'autre sexe sans témoin de moralité, ou les hallucinants engagements écrits,
signés chaque week-end par les jeunes américains et touchant à la prédiction
détaillée de leur comportement sexuel lorsqu'ils veulent « sortir » avec
leur petite amie pour une soirée. Plus près de nous, on trouvait dans le
programme de plusieurs candidats à la Présidence de la République en 2002,
appelant à la restauration des « valeurs » dites morales, de semblables égarements.
Là encore les analyses de Reich touchant à la peste émotionnelle sont
toujours d'actualité quand « des individus sont capables de vêtir
l'humanité toute entière d'une camisole du même modèle que la leur, parce
qu'ils sont incapables de tolérer la sexualité naturelle chez les autres ».
Dans les sports
Certes,
cette répression est aujourd'hui, au moins extérieurement, moins étatique,
elle n'en emprunte pas moins des voies aussi efficaces : publicité,
insignifiance administrée à hautes doses des shows audio visuels, «
machinerie sportive ».
Retrouver la capacité d'amour
Lutter
contre la peste émotionnelle de manière efficace, c'est restaurer la couche
psychique profonde de l'homme car dans les profondeurs vivent et travaillent
la sexualité naturelle, la joie spontanée du travail, la capacité d'amour.
Cette couche est le noyau biologique de la structure humaine, elle est
inconsciente et redoutée, car en désaccord avec l'éducation autoritaire. Sa
reconnaissance et son actualisation sont pourtant pour Reich, la seule manière
de dominer la misère sociale.
Libérer l'énergie
Lutter
contre la misère sexuelle, supprimer les inhibitions, produire pour chacun une
autorégulation conforme aux exigences de l'économie sexuelle, c'est permettre
la restauration positive de la responsabilité de chacun face à la vie.
Reich voit dans la suppression des maladies psychiques et de la sexualité
asociale le facteur qui favorisera la déprise de la peste émotionnelle et la
libération de l'énergie vitale emprisonnée.
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La
cuirasse musculaire est liée à un fonctionnement énergétique, lui même lié
à un trait caractériel. C'est la cristallisation des mécanismes psychiques
dans des tensions corporelles figées, cuirasse qui, une fois formée, ne peut
pas être atteinte par une approche purement psychologique et verbale.
Les
constats de Reich sont les suivants :
1.
Le corps a une mémoire qui retient sous forme de tensions, maladies,
postures, des émotions et des traumatismes non-résolus. Ceux-ci sont encapsulés
dans un ensemble de contradictions musculaires, chroniques, développées pour
survivre et qui sont l'inscription dans le corps des mécanismes psychologiques.
2.
L'énergie sexuelle et l'énergie psychique circulent dans le corps de façon
ondulatoire : l'impulsion vient du bassin et se répercute jusqu'à la tête.
3.
La circulation de cette énergie et, par le fait même, la sensation, l'émotion,
la respiration et la vitalité seront contraintes par les tensions musculaires
installées sur ce parcours central.
4.
Cet état empêche l'abandon à l'orgasme, mais également à toute autre
expérience : s'investir dans son travail, écouter de la musique, regarder une
oeuvre d'art, être dans une relation d'intimité avec quelqu'un d'autre, jouer,
etc.
5. Les tensions musculaires sont installées en sept segments qui regroupent des muscles particuliers attachés sur le devant, les côtés et l'arrière du corps et forment ainsi sept anneaux (oculaire, buccal, cervical, thoracique, diaphragmatique, abdominal et pelvien). Quand les contractions sont fréquemment répétées (un réflexe programmé), elles deviennent chroniques et s'inscrivent profondément dans l'attitude du corps.
Manifestations
La
globalité des attitudes musculaires se manifestant par des spasmes musculaires
chroniques (notamment arrêt de la respiration) sollicités lors d'un mouvement
émotionnel trop intense (respirez ! ) qu'un individu développe comme un
bloc contre la découverte sensationnelle des affects et des sensations
d'organe, apparaissant en particulier sous forme d'angoisse, de rage et
d'excitation sexuelle.
Symptômes biopathiques
Inaptitude
ou impuissance à l'orgasme (orgasme impotence) ou absence d'aptitude à
l'orgasme… C'est aujourd'hui la caractéristique humaine la plus importante
chez le commun des mortels, et - par l'accablement de l'énergie biologique
(orgone) à l'intérieur de l'organisme - la source d'énergie de toutes sortes
de névroses et de symptômes biopathiques.
Et la respiration
Ainsi
la dissolution des tensions musculaires qui sont la partie somatique du
refoulement, est pour Reich la garantie de libérer une des trois excitations
qu'il juge fondamentales : la sexualité, l'angoisse et la colère. Elle permet
aussi l'émergence de flux végétatifs, ainsi que des souvenirs liés aux évènements
traumatisants. Il mettra enfin en évidence que "l'inhibition
de la respiration est le mécanisme fondamental de la névrose en général".
La
perception de la fonction du vivant et de ses manifestations bioénergétiques
est déséquilibrée dans l’animal humain par l’existence d’une cuirasse
caractéro-musculaire, fruit de la nécessité de défense de l’organisme face
à l’agression de l’extérieur.
Impuissance orgastique
Cette agression provoquée par le système social et l’écosystème familial chez l’enfant et l’adolescent empêche le développement de la libido et réprime ses manifestations émotives, provoque une étanchéité sexuelle et empêche le développement de la fonction de l’orgasme. Elle crée ainsi des personnes impuissantes orgastiquement, incapables d’aimer, et portées à la soumission sociologique qui permet le maintien d’un système social. Celui-ci qui tend à la destruction lente du vivant, dans une vie commune "éduquée" et compulsive, avec des moments de sadisme et de destructions irraisonnables, implosives, sous forme de massacres, guerres ...
Wilhelm Reich fut
le premier, dans les années 1930, à introduire le concept d'« inconscient
corporel » et tenter
d'identifier les traces physiques des douleurs psychiques. Les
contractions musculaires engendrées par nos émotions, disait-il, mènent à la
formation d'une « armure caractérielle » qui a pour but de nous préserver
de la souffrance, mais qui a aussi comme conséquence d'empêcher la circulation
de l'énergie.
Des attitudes de défense
la
cuirasse caractérielle est la globalité des attitudes caractérielles qu'un
individu développe comme défense contre les excitations émotionnelles, en présentant
une rigidité caractérielle, un manque de contact, une attitude "mortifère".
La cuirasse caractérielle possède une identité fonctionnelle avec la cuirasse
musculaire.
Aux
« paralysés affectifs », il écrira à la fin de sa vie :
« Tu ne sais que ramasser et prendre, tu ne sais ni céder, ni donner, car
l'attitude fondamentale de ton corps est celle de la retenue, du refus et du dépit;
tu es saisi de panique quand tu sens le mouvement original de l'Amour et du Don
de soi ».
Une protection
Tous
les humains vivent le conflit, le manque d'affection, l'incompréhension, la
manipulation et les autres situations difficiles inhérentes aux relations
inter- personnelles. L'enfant se protège de ces expériences douloureuses grâce
à des mécanismes psychologiques comme le déni, l'oubli, la déconnexion, et à des mécanismes
physiologiques comme la contraction des muscles limitant la mobilité des
articulations, le blocage de l'expression émotionnelle (cris, pleurs, rage) .
La
dialectique de la cuirasse caractérielle rigide est la suivante :
Le jeu institué en règle
La rigidité comme contraction énergétique,
L'expansion comme angoisse pire que l'angoisse, qui est une contraction.
Exemple de construction d’une cuirasse caractérielle :
(parmi bien d’autres)
1)
Au début, l'enfant veut faire irradier l'énergie de son noyau,
2)
Puis sa mère (le plus probablement) s'immisce dans toutes ses
actions
et lui fait ressentir de
l'étouffement.
3)
Pour se protéger de cette intrusion dans son indépendance, il
commence par se rebeller
et déclenche des manifestations violentes
et hostiles vis-à-vis de
ses parents.
4)
Cette réaction est très mal perçue de l'environnement qui
renforce la
pression et peut exercer
un chantage affectif.
5)
Le sujet se retrouve avec l'impression que s'il manifeste son
mécontentement d'être
étouffé et dirigé, il sera privé d'amour,
d'attention , et il
encourra un risque de castration. Il développe
culpabilité et angoisse.
6)
Il instaure donc un masque de gentillesse et de prévenance, de
petit
enfant modèle, sous
lequel couve une agressivité et une haine
farouche, prête à
exploser.
7)
Ce masque est un blindage de chair et de muscles, l'enfant est
dés-lors passif et
soumis, et développe un complexe énergétique
d'auto-contrôle et
d'auto- visualisation pour s'assurer que son
comportement est parfait
et digne d'amour.
8)
Cette projection, au fil du temps, ne se fait pas seulement sur
les
parents mais aussi sur
les amis, les supérieurs et surtout, les
personnes du sexe opposé…
9)
Il y a alors scission entre la réalité du masque « gentil avec
tout le
monde » et le
refoulé -violence et fantasme de destruction du milieu
extérieur.
Comme une stratification
En résumé, on peut dire que la cuirasse caractérielle est la stratification, une sorte d'enkystement, de toutes les expériences passées, de toutes les forces de défenses mises en place par le sujet . C'est la forteresse derrière laquelle chacun se retranche pour organiser ses résistances. Tout se passe comme si les expériences infantiles les refoulements et les charges énergétiques qui leur sont liés formaient des dépôts dans l'être, l'entraînaient à réagir toujours de la même manière, lui interdisaient toute initiative.
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W. Reich écrit :
"Ainsi,
un seul et même aspect de la structure infantile se conserve et s’exprime par
deux voies différentes : par le contenu des actes (propos et représentations
de l´individu) et par leur forme. Notons que l’analyse du contenu laisse
intacte – malgré l’unité du contenu et de la forme – cette dernière ;
que cette «forme» sert de retraite aux contenus psychiques que l’analyse des
contenus semble déjà avoir éliminés ou rendus accessibles à la conscience ;
qu’enfin l´analyse de la «forme» est particulièrement efficace quand il
s’agit de libérer des affects" (Wilhelm Reich, L’analyse caractérielle.)
Vers la végétothérapie
La
végétothérapie est à l'origine, une modification de la technique habituelle de la pratique psychanalytique dans
l'analyse des symptômes, par l'introduction de la notion de caractère et de résistance
caractérielle dans le processus technique. La découverte de la
cuirasse caractérielle demandait le développement d'une technique nouvelle (végétothérapie).
Plus
tard, la découverte de l'énergie de l'orgone dans l'organisme (la bioénergie)
et la concentration de l'énergie de l'orgone présente dans l'atmosphère dans
un accumulateur d’orgone a demandé de plus amples développements dans la végétothérapie
caractéro-analytique par son inclusion dans la thérapie orgonale
biophysique. (voir thérapie physique et psychiatrique par l'orgone.)
Des types de caractères
En
ce qui concerne les manifestations de la peste émotionnelle, Reich s’est livré
à une étude comparative de trois types psychosociologiques envisagés dans les
domaines de la pensée, de l'action et de la sexualité. Il s'agit des types ou
caractères « génital », « névrotique » et « pestiféré ». Leur
comparaison permet de mettre en évidence les processus de comportement du «
pestiféré ».
oooOOooo
Les
trois types de caractère :
Le
premier, le génital, présenté comme le plus sociable et équilibré
psychologiquement, juge en fonction de processus mentaux guidés par la
rationalité, il est accessible aux arguments réels, connaît une harmonie
profonde entre motivation, but et action. Sa vie sexuelle est essentiellement déterminée
par les lois naturelles et fondamentales de l'énergie biologique.
Il
considère le travail comme aboutissement d'un processus créateur et ne songe
pas à interférer avec son déroulement normal. Reléguant ses intérêts
personnels au second plan dans les conflits interpersonnels, il est capable de
dialogue et de remise en question.
oooOOooo
Le
second, le névrotique, tente également d'orienter sa pensée en
fonction de données et de processus objectifs mais comme sa pensée est également
soumise aux pressions de la stase sexuelle, elle se conforme aussi et simultanément
à la nécessité d'éviter le déplaisir en pratiquant l'art de l'esquive. Il a
généralement refoulé son irrationalité et s'il a conscience de l'inhibition
de ses fonctions vitales, c'est sans jalouser les individus bien portants. Il ne
s'oppose pas au progrès.
Il
vit dans la résignation sexuelle ou s'adonne en secret à quelque pratique
perverse, son impuissance orgastique s'accompagnant d'une nostalgie continuelle
du bonheur de l'amour. Confronté aux problèmes sexuels, sa réaction est plutôt
dictée par l'angoisse que par la haine, sa cuirasse visant sa propre sexualité
plus que celle des autres. Il est plus ou moins inhibé dans son aptitude au
travail et n'y trouve aucun plaisir, ignorant l'enthousiasme. Il est soumis
d'abord à l'opinion d'autrui.
oooOOooo
Le
troisième, le pestiféré, se distingue du névrotique par une activité
sociale plus ou moins destructive, sa pensée étant déterminée
essentiellement par des concepts irrationnels. Il a toujours des conclusions
toutes prêtes, étant inaccessible à l'altération, et ne vise dans ses
jugements qu'à rationaliser des conclusions irrationnelles préexistantes ou «
préjugées ». L'immobilisme et l'attachement à la tradition sont ses références
constantes. Intolérant, il ne supporte aucune idée capable de balayer ses préjugés.
Un refus de l'amour naturel
Le
vrai motif de son action n'est jamais celui qu'il indique mais il croit sérieusement
aux buts qu'il s'assigne, agissant sous l'effet d'une compulsion structurelle,
sous la contrainte de son mal. Il déteste et combat tout ce qui vient le
contrarier. Sa sexualité est toujours sadique et pornographique, caractérisée
par la présence simultanée de lascivité sexuelle et de prétentions morales
sadiques. Il développe une haine farouche de tout ce qui peut susciter des idées
orgastiques. D'où son intolérance à l'égard de tout ce qui est amour naturel
et sa grande capacité à mettre au point, avec satisfaction pour lui, un système
élaboré de délation et de diffamation.
Un calomniateur sadique
Il
déteste le travail et se tourne avec prédilection vers l'idéologie mystique
ou politicienne. N'achevant jamais rien, il est incapable d'un travail organique
et progressif. Victime d'une éducation autoritaire et obsessionnelle, il
s'insurge contre elle, mais sa révolte n'a aucun objectif social rationnel.
Il
méprise ses partenaires, le motif de ses relations interpersonnelles étant le
désir de les abattre en utilisant de préférence la diffamation sexuelle, la
calomnie à des fins sadiques, attribuant sa propre lubricité à ses victimes.
Un bon camouflage
La
relation entre le caractère et le refoulement réside précisément en ceci que
c'est la nécessité de refouler les désirs instinctuels qui donne naissance au
caractère. Nous voyons que, d’autre part, la formation du caractère rend
superflus un grand nombre de refoulements, du fait que les énergies
instinctuelles qui, dans le cas du simple refoulement, restent flottantes, se
trouvent absorbées par la formation du caractère.
Ainsi,
la mise en place d'un trait de caractère indique qu'un problème de refoulement
a trouvé sa solution, ou bien il rend inutile un processus de refoulement, ou
bien il le transforme en une structure relativement rigide et acceptée par le
Moi.
Une élimination ardue
Le
processus de la formation du caractère correspond donc entièrement à la
tendance du Moi à mettre en harmonie les différents désirs psychiques. Ceci
fait comprendre pourquoi l'élimination de refoulements ayant servi à la
formation de traits de caractère bien définis est infiniment plus ardue que
l’élimination de refoulements qui sont à l'origine d'un symptôme.
Une manière de survivre
Le
caractère est donc à la fois une structure et un mécanisme de défense en
lui-même. C’est, pour résumer, d’abord et avant tout un mécanisme de
protection narcissique au moyen duquel la personne arrive bon an mal an à
survivre. Autrement dit, elle peut être positive et adaptative ou négative et
morbide, voire biopathique (comme dans le cas du cancer).
Voilà
qui explique qu'il existe un rapport précis entre le point de départ de la genèse
du caractère, c'est-à-dire la protection du Moi contre les dangers actuels,
d'une part, et la fonction ultérieure du caractère consistant à défendre le
Moi contre les pulsions instinctuelles dangereuses, de l'autre. En effet, l'évolution
menant de la situation primitive à la civilisation moderne a exigé des
restrictions considérables d'ordre libidinal (et autres).
Le
développement humain a été caractérisé par des répressions sexuelles sans
cesse accrues. Plus particulièrement, la mise en place de la société
patriarcale a abouti à la désorganisation et à la répression de la génitalité.
A mesure que la civilisation progressait, les dangers extérieurs - au moins
pour les individus - diminuaient.
Écarter l'angoisse d'une menace
Sur
le plan social, par contre, les dangers pour la vie de l'individu ont augmenté.
Les guerres impérialistes et la lutte des classes présentent autant de dangers
que les menaces des temps primitifs. Pour écarter les angoisses consécutives
à des menaces réelles (venant du monde extérieur), les individus se sont
trouvés dans l'obligation d'inhiber leurs pulsions : on n'a pas le droit de
passer à l'attaque, même si l'on meurt de faim ; les instincts sexuels sont
tenus en échec par des normes et des préjugés sociaux.
Toute
infraction aux normes constitue pour l'individu un danger : il risque d'encourir
un châtiment pour «vol » ou masturbation infantile, l'homosexuel ou
l'incestueux risque la prison.
Dans
la mesure même ou la peur d'une atteinte venant de l'extérieur est évitée,
la stase libidinale et la stase de l’angoisse s'accroissent; il y a interdépendance
étroite entre la stase de l’angoisse et l’angoisse provoquée par des
menaces extérieures : la diminution de l'une provoque l'augmentation de l'autre
et vice versa. L'intrépide satisfait ses besoins libidinaux en courant le
risque de l'ostracisme social.
Et le principe du plaisir?
Trois principes économiques président à la formation du caractère
:
le fait d'éviter l'angoisse (réelle)
l'emmagasinement de l'angoisse
(stase).
le principe de plaisir.
Le
processus de la formation du caractère est déclenché par un mouvement portant
l'organisme psychique à échapper aux dangers qu'entraîne la satisfaction de
ses instincts.
Mais
dès que le caractère est formé, le principe de plaisir agit pour que le
caractère ne serve pas seulement, comme le symptôme, à des fins défensives
mais procure, sous une forme déguisée, des plaisirs instinctuels. Ainsi, le
caractère génital-narcissique ne se protège pas seulement contre les
influences du monde extérieur, mais il apaise aussi une bonne partie de sa
libido en établissant des rapports narcissiques entre le Moi et le Moi idéal.
Un relâchement de la tension
L'énergie
des pulsions instinctuelles refoulées, notamment les pulsions prégénitales et
sadiques, est largement absorbée par la mise en place et le maintien du mécanisme
de protection. Il ne s'agit pas, bien entendu, d'une satisfaction instinctuelle
dans le sens d'un plaisir direct et immédiat, mais elle n'en aboutît pas
moins, comme dans la satisfaction déguisée du symptôme, au relâchement de la
tension instinctuelle.
Bien
que différente, sur le plan phénoménologique, de la satisfaction directe, le
relâchement de la tension n'en a pas moins la même fonction économique : dans
les deux cas, la tension décroît. L'énergie instinctuelle est consumée par
le processus aboutissant à l'assemblage et à l'alliage des contenus du caractère
(identifications, formations réactionnelles, etc.).
Finir par une satisfaction directe
Les
pulsions non utilisées dans le processus de la formation du caractère poussent
à la satisfaction directe, à moins qu'elles ne soient refoulées. La nature de
la satisfaction directe est tributaire de la forme du caractère. Le choix entre
les pulsions utilisées pour la formation du caractère et celles admises à la
satisfaction directe ne détermine pas seulement la différence entre les bien
portants et les malades mais aussi entre les différents types de caractère.
Il n 'est certes pas question de rentrer dans des analyses systématiques de nos actes ... mais une meilleure compréhension de son propre mécanisme" interne ", quelle richesse ! je pars du principe que plus je connais ma manière de fonctionner , plus ma capacité est grande pour m ouvrir vers l 'autre et aider.
Un
petit extrait de l 'installation de nos premières névroses , selon Freud :
Dans le modèle freudien, la névrose est constituée de deux phases : une phase infantile et une phase ultérieure de déclenchement. La névrose est toujours la conséquence de phénomènes précoces dans la période oedipienne. Souvenez vous : l'attirance vers le parent de sexe opposé et l'agressivité envers la personne de même sexe (oedipe positif). Mais l'enfant, face à la menace de castration imminente, doit renoncer à certaines satisfactions (mort du père, amour de la mère) et donc renoncer à ses objets. Finalement l'enfant préfère conserver son intégrité narcissique plutôt qu'accéder à une satisfaction qui pourrait lui amener des désagréments. Ayons également à l'esprit que les parents n'investissent généralement pas leur enfant libidinalement ce qui assure l'inutilité à l'enfant de ses efforts et le pousse également à renoncer à ce mode de satisfaction. A la fin de cette période oedipienne le surmoi s'est formé, il est né d'une identification réussie aux parents et permet au Moi de maîtriser le complexe d'œdipe. L'enfant peut alors se tourner vers d'autres objets et renonce à investir libidinalement ses parents. Dans le cas d'une névrose "authentique" l'enfant ne parvient pas à détourner sa libido de ses premiers objets (papa, maman). C'est pourquoi on parle ici d'une fixation à un stade infantile. Le conflit reste donc latent et le refoulé tente désespérément de traverser les résistances. Le sujet lutte contres ces refoulements avec des mécanismes de défenses classiques mais, en cas s'échec de ces mécanismes, le symptôme apparaît comme la manifestation du refoulé.
Les
névroses se distinguent donc sur la nature des symptômes qui dépendent eux mêmes
des mécanismes de défense mis en jeu. Dans l'hystérie, le refoulement est
complet tandis que dans la névrose obsessionnelle il est partiel ce qui appelle
d'autres mécanismes de défense.
( De : F M. )
Développer des idéologies contraires à notre biologie
Toute
la réflexion politique de Reich consistera à analyser pourquoi et comment se développent
les idéologies de l'ordre, de répétition, de fidélité, alors qu'elles vont
à l'encontre de nos réactions biologiques fondamentales. De toutes ces réflexions
va naître la végétothérapie qui est la base de la bioénergie, le but étant
de re-mobiliser le système neurovégétatif par des mouvements respiratoires.
La
bioénergie modifie donc le potentiel énergétique par un travail de libération
émotionnelle, de détente musculaire, d'amplifications respiratoires et
d'analyse verbale des sensations corporelles et affectives. Toutes ces actions
agissant sur les courants plasmatiques.
Lire le corps
Cette
théorie a été élaborée dans les années 50 par Alexander LOWEN, disciple de
REICH. Elle reprend les concepts de "réflexe orgastique" et de
"cuirasse musculaire". Le corps garde la trace de toutes les émotions
vécues, que l'on peut diagnostiquer par la "lecture du corps". Il
faut tenir compte en premier de l'allure générale, de l'équilibre, des
postures diverses globales. Puis une seconde lecture détaillera les différents
segments corporels, comme le regard, le port de tête, la tension du cou, le
thorax, la respiration, la colonne vertébrale, la position du bassin. Tout cela
a permis à LOWEN d'établir une typologie caractérielle:
Caractère
schizoïde
Caractère
oral
Caractère
psychopathe
Caractère
masochiste
Caractère
rigide
Favoriser une prise de conscience
L'analyste bioénergéticien attache donc une grande importance aux expressions corporelles - la respiration, la posture, le ton de la voix, le rythme des pas - qui lui révèlent la structure du système de défense d'une personne et le type de lutte existentielle qu'elle mène. Le travail corporel qu'ils entreprennent consiste d'abord à développer l'attention aux sensations. Ensuite, à l'aide notamment d'exercices respiratoires, de postures, de mouvements ainsi que des pressions manuelles du thérapeute, on favorise la prise de conscience des vieilles tensions musculaires devenues chroniques.
Avec des exercices vigoureux
L'objectif
est d'identifier les défenses que, enfant, on a construites pour faire face à
des situations difficiles, puis de les assouplir et de les réaménager. En
adoptant des positions qui engendrent de fortes tensions - par exemple couché
sur le dos sur un gros ballon, poitrine ouverte et dégagée, ou à travers des
exercices parfois vigoureux qui peuvent provoquer cris, larmes et colère - on
crée des conditions propices à d'intenses libérations émotionnelles. Il
s'agit, du même coup, de récupérer toute l'énergie qui était en quelque
sorte « occupée » à cacher et à retenir ces émotions.
Un travail de plusieurs années
Quant
à la portion verbale, elle découle des racines psychanalytiques de l'approche
(de Freud, à Reich, à Lowen) : le praticien y fait un travail d'analyse
pour aider la personne à relier ses mots à ses expressions corporelles et à
son histoire intime. L'objectif est d'aider la personne à vivre avec ses
émotions, considérées comme les « mouvements spontanés de l'organisme ».
L'analyse
bioénergétique se définit comme une « approche des profondeurs ».
Elle ne vise donc pas à simplement faire disparaître des symptômes, mais à
aider une personne à apprivoiser et à réaménager la structure de sa
personnalité; c'est généralement un travail de quelques années. Certains
praticiens acceptent aussi de travailler sur du court terme avec des problématiques
ponctuelles.
Un moyen de libérer ses potentiels
Cette thérapie a originalement été mise au point par des médecins (Reich, Lowen et Pierrakos) pour soigner des personnes aux prises avec des problèmes de névrose (la dépression, l'anxiété) et des problèmes d'ordre sexuel ou relationnel. À cause de sa composante corporelle, elle serait également appropriée pour le traitement des troubles de la personnalité (comme le narcissisme) et des maladies d'origine psychosomatique. Les personnes en bonne santé peuvent y trouver un moyen de traverser une crise existentielle, d'approfondir leur vie affective et de libérer leur potentiel de joie et de créativité.
La méthodologie de la bioénergie serait merveilleuse si elle était capable de donner à l'individu les moyens de mettre en place des choix sains conformes à la nature humaine, comme le choix de l'amour naturel, l'abandon de la possessivité, de la jalousie, du "paraître", du "projet" sur l'autre, etc. Mais dans un environnement social de peste émotionnelle particulièrement sournoise, et face à des thérapeutes qui refusent de s'engager au nom de la déontologie (respect du choix de l'individu) parce qu'ils n'ont pas même la réponse pour eux, le patient verra très vite le "terrain qu'il vient de dégager" à nouveau envahi par les ronces de la névrose.
Sans un enseignement simultané, concret et réel de la re-découverte de l'amour naturel, l'individu n'a aucune chance de sortir de la jalousie, de la possessivité, de la recherche du pouvoir, de l'incapacité à sentir et à jouir...
Inventeur,
savant, psychiatre, philosophe, sociologue, Reich se voulait tout cela à la
fois. Son principal outil thérapeutique, il le fabrique de ses propres mains :
Pour
concentrer l’orgone, à des fins expérimentales, il construit ses premiers
accumulateurs. Ceux-ci sont des sortes de caisses constituées de couches
superposées de bois, ou d'une autre matière organique, alternant avec des
feuilles de métal. Les premiers sont de taille réduite; Reich les expérimente
sur des souris saines, puis sur des souris cancéreuses. En décembre 1940, le
premier accumulateur à usage humain est mis en service.
L’accumulateur d’orgone est une boîte de la taille d'une cabine téléphonique, dont les parois se composent en couches alternées de métal et de matériaux organiques. L'utilisateur s'assoit à l'intérieur de la boîte, de façon à absorber l'orgone qui s'accumule comme la chaleur dans une serre. L'orgone concentrée est présumée guérir des maladies aussi différentes que le cancer, l'impuissance et l'ensemble des troubles liés au refoulement sexuel. Il existe également des modèles de taille plus réduite, telle que la couverture à orgone et l’entonnoir à orgone, qui est utilisé pour diriger la précieuse énergie vers des points particuliers du corps humain.
L’IRRUPTION DE LA MORALE SEXUELLE
Production et reproduction de la morale sexuelle
Jusqu'à l'apparition d'intérêts économiques, la vie sexuelle est dominée par les lois de la régulation naturelle qui, elle, est régie par le principe de plaisir et de déplaisir. Ces lois se concrétisent souvent sous formes d'usages et de coutumes sociales, elles ne visent jamais à entraver la satisfaction sexuelle mais au contraire à la favoriser.
Il faut un ancrage profond
La première ébauche d'une morale anti-sexuelle se présente sous les apparences d'une exigence formulée par un groupe détenant, au sein de la société, une puissance économique et politique qu'il entend assurer et augmenter face aux autres membres de la société.
L'exigence du profiteur devient donc la morale du prestataire. La sphère de production de la morale appartient donc au groupe des puissants.
Or, une exigence formulée une fois pour toutes, ou une législation, ne sont pas suffisantes pour maintenir une morale imposée. Le rétrécissement continuel de la satisfaction des besoins par la contrainte extérieure aurait pour conséquence la nécessité de formuler et d'imposer sans cesse la morale nouvelle, elle se heurterait en effet dans chaque individu adulte de la société à des résistances et serait incapable de se maintenir à la longue.
Elle
tend donc à un ancrage plus profond en vue de remplir sa finalité sociale.
Son influence doit se faire sentir pendant la prime enfance tant que les défenses
du Moi sont faibles. Née de l'exigence extérieure d'un groupe, elle doit se
transformer en une morale nouvelle acceptée par tous les membres de la société.
Comment ce changement s'opère-t-il ? Par la modification de la structure caractérielle des individus nivelés dans la masse, modification se produisant dans la sphère sexuelle grâce à la peur de la punition sexuelle.
Un glissement : du plaisir au moralisme
La peur d'être puni pour des transgressions sexuelles ne peut réprimer à la longue l'impulsion sexuelle que si elle est soustraite à la conscience, c'est-à-dire refoulée, et si elle réussit à mobiliser contre l'impulsion sexuelle des forces antagonistes, et à les ancrer au plus profond de la personne.
Ainsi, le conflit qui opposait à l'origine le Moi sexuel à un monde extérieur hostile se transforme en un conflit entre un Moi en proie à la peur de la punition et un Moi tendant consciemment à la satisfaction sexuelle, pour aboutir en fin de compte à un état (passagèrement) stable d'un Moi moral qui étouffe en permanence la pulsion sexuelle refoulée. Le Moi naguère tourné vers le plaisir a glissé au refus de la sexualité, au moralisme: la morale sociale s'est reproduite dans l'individu.
Exigence culturelle ou morale individuelle ?
Comme ce processus s'applique à tous les individus soumis à la même situation sociale anti-sexuelle, comme les individus ainsi modifiés agissent sur leurs descendants d'une manière consciente non pas en fonction de leurs attitudes refoulées mais de leurs attitudes morales, comme la situation sociale se maintient et reproduit sans arrêt les exigences des couches dominantes, si bien que la pression sociale extérieure continue d'agir dans le même sens, le refus de la sexualité, le refoulement, et le caractère cuirassé, jouissent d'une triple protection qui accentue pour autant la répression sociale de la vie.
Il s'agit donc de ne pas confondre production et reproduction de la morale imposée. La première se manifeste comme "exigence culturelle", la seconde comme morale individuelle de tous les membres de la société, où, pour parler d'une manière concrète, comme cuirasse. Dès lors, tous les individus sont cuirassés, c'est-à-dire rigides dans la perspective bio-énergétique, sujets à la peur du plaisir, qui, de son côté aboutit à l'impuissance orgastique.
Les chaînons intermédiaires de la répression
Le rapport entre la base sociale et la superstructure idéologique n'est donc pas direct, la formation de l'idéologie s'opère par une série de chaînons intermédiaires que nous allons résumer d'une manière quelque peu schématique:
1) Évolution déterminée de la société, rapports sociaux réciproques.
2) Intérêts déterminés d'un groupe social ou d'une classe.
3) Exigences morales conformes à ces intérêts formulées à l'encontre des membres de la société.
4) Effet de ces exigences sur les besoins des individus nivelés dans la masse, limitation de la satisfaction des besoins, génération de peur sociale, etc.
5) Ancrage des exigences morales du groupe dans les individus nivelés dans la masse, par la transformation de leurs besoins, par la modification de leurs structures caractérielles conformément à la morale nouvelle: reproduction continuelle des exigences par intériorisation.
6) Acceptation intérieure de la morale imposée par les individus nivelés dans la masse : formation de la cuirasse caractérielle.
7) Formation de l'idéologie individuelle qui se transforme par l'addition des individus nivelés dans la masse en morale sociale imposée (reproduite).
Et la victime supporte passivement
Cette morale sociale ancrée dans tous les individus et se reproduisant sans cesse, réagit sur la base socio-économique dans un sens conservateur :
l'exploité approuve lui-même l'ordre économique garantissant son exploitation
la victime de la répression approuve elle-même ou supporte passivement l'ordre sexuel qui limite sa satisfaction bio-énergétique et la rend malade
elle bloque tout mouvement affectif vers une évolution lui promettant la satisfaction de ses besoins.
Ainsi, la morale imposée parvient à ses fins socio-économiques par le moyen de la cuirasse.
Les buts de la Société réactionnaire
Considérons
pour illustrer ces faits un exemple très actuel :
La société réactionnaire
soutient le refoulement sexuel par tous les moyens à sa disposition.
- Elle
refuse, parce qu'elle s'oppose à toute vie, la suppression des législations
interdisant l'avortement, bien que ces législations ne remplissent plus, depuis
longtemps, leur but consistant à créer une armée de réserve industrielle.
- Elle combat la propagande en faveur de la contraception et limite la fonction de
la sexualité à la procréation;
- Elle se dresse violemment contre toute réforme
du mariage.
- Elle
réprime comme naguère la sexualité juvénile.
- Elle ne parvient pas à
supprimer la prostitution et les maladies vénériennes parce qu'elle tient pour
bien plus importante l’« honorabilité » des femmes et des jeunes
filles.
Comment agissent ces facteurs réactionnaires
C'est que le refoulement sexuel social et la cuirasse caractérielle sont des facteurs réactionnaires extrêmement efficaces : impossible de renoncer à leur effet retardateur dans la société autoritaire, car :
1) ils soutiennent puissamment les institutions réactionnaires de tous genres grâce à l'angoisse sexuelle et au sentiment de culpabilité sexuelle, ancrés profondément dans les masses exploitées;
2) ils soutiennent l'ordre familial et matrimonial imposé qui, pour se maintenir, a besoin de l'atrophie sexuelle;
3) ils asservissent les enfants aux parents, les adultes à l'autorité étatique, en inculquant aux individus nivelés dans la masse la crainte de l'autorité;
4) ils paralysent la puissance intellectuelle et critique, ainsi que l'esprit d'initiative des individus opprimés, car le refoulement sexuel consomme beaucoup de bio-énergie qui se manifesterait autrement, au plan intellectuel et émotionnel, d'une manière rationnelle;
5) ils atrophient chez beaucoup d'individus la motilité bio-énergétique et empêchent l'individu ainsi inhibé et paralysé de se révolter contre l'iniquité sociale.
Réprimer toute vie : c'est la signification sociologique
Tout cela n'est pas autre chose que l'ancrage idéologique du système dominant autoritaire dans les structures caractérielles des individus nivelés dans la masse et visant à réprimer toute vie. C'est là la signification sociologique de la répression sexuelle dans la société dominée par des groupes de puissance politique.
Il ne faut pas beaucoup d'instruction mais seulement un peu de courage intellectuel pour reconnaître que les puissances coloniales n'ont pas apporté aux peuples primitifs la foi chrétienne, les vêtements et la « morale » par un souci de civilisation, mais pour inculquer à chaque individu l'esprit servile, sans oublier de l'affaiblir et l'asservir par l'alcool.
Mais des contradictions qui finiront par l'abolir
Cet ancrage de la mentalité d'esclave dans les structures caractérielles des hommes primitifs, qui permet de faire l'économie de surveillants et de matraques, s'opère le mieux par l'asservissement de l'énergie qui jaillit de la génitalité satisfaite.
Puisqu'il a été possible de découvrir la signification sociologique du refoulement sexuel, il ne peut être difficile de déceler aussi les contradictions qu'il engendre et qui finiront par l'abolir. Car si le refoulement sexuel consolide toute forme de domination autoritaire, il n'en est pas moins vrai qu'il sape aussi ses fondements par la détresse sexuelle qu'il engendre nécessairement.
S'il asservit la jeunesse à la volonté des adultes, il prépare aussi sa rébellion sexuelle. Les contradictions de la répression sexuelle cherchent à se résoudre dans la crise sexuelle qui secoue de plus en plus la société autoritaire depuis le début DU 20° siècle. Son intensité est soumise à des fluctuations qui correspondent aux fluctuations des crises économiques, dont elle est directement tributaire.
La délinquance juvénile, expression directe
La dégradation de la société matérielle des masses ne provoque pas seulement la dislocation des chaînes familiales et conjugales imposées à la sexualité, précise aussi avec la rébellion de la pulsion alimentaire l'acuité des besoins sexuels. C'est là l'explication fort simple de la thèse de la « décadence de la morale » en temps de crise.
La répression sexuelle sociale sape donc ses propres fondements en suscitant un écart sans cesse plus marqué entre le besoin d'apaisement de la tension sexuelle d'une part et les possibilités extérieures et intérieures d'y parvenir de l'autre. Des phénomènes sociaux tels que la « délinquance juvénile » sont l'expression directe de la crise sexuelle. Très souvent, le terme de « délit » ne recouvre que l'étreinte accomplie avant l'acte génital autorisé par la loi.
La révolution sexuelle progresse-t-elle ?
Il ne saurait faire de doute que l'humanité tout entière est entrée depuis le début du xxe siècle dans une phase absolument nouvelle de bouleversements sociaux. La vie a commencé à se révolter contre tous les modes de répression. Les masses humaines, encore inconscientes de la nature et de la finalité de ces bouleversements, fourvoyées par la sottise de politiciens ignorants et bornés, dépourvues de guides et vouées au chaos, sont montées sur la scène sociale pour faire valoir leur droit à une vie heureuse.
Des systèmes politiques surannés et fatigués pourront peut-être pendant quelque temps encore abuser des aspirations authentiques des hommes et les tromper. Mais aucun doute n’est plus possible : la révolution sexuelle progresse et aucune puissance du monde n’arrêtera sa course. il lui faut simplement une direction rationnelle pour lui permettre d'atteindre son but.( Extrait de : http://www.sospsy.com/Bibliopsy/Biblio9/biblio043.htm )
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